L’économie de la coca en Bolivie
La coca, une culture millénaire.
Histoire de la coca
Des études archéologiques ont montré que la feuille de coca possédait une longue histoire. La plupart des peuples autochtones d’Amérique latine ont en effet utilisé la coca au cours des siècles passés. Feuille sacrée, il semble que celle-ci ait eu une grande signification pour eux avant même la domination inca. En effet, la civilisation Tiwanaku ou les seigneuries aymara la cultivaient déjà. Outre sa production, sa commercialisation et sa consommation, la feuille de coca avait également une fonction culturelle comme en témoigne son utilisation dans les pratiques rituelles et religieuses.
Avec l’avènement des Incas, il semblerait que la consommation de la coca ait été réservée aux seules élites, même si on en distribuait aux populations en temps de guerre ou de famine. Elle avait également une fonction mystico-religieuse fondamentale au sein de l’Empire inca, dont le mythe fondateur serait lié à la feuille de coca. La légende des Fils du Soleil qui fondèrent l’empire raconte que ceux-ci auraient offert des feuilles de coca et enseigné au peuple qu’elles pouvaient être utilisées pour atténuer la sensation de faim, éliminer la fatigue et permettre d’oublier ses malheurs.
Lorsque les colons espagnols arrivèrent dans la région, le débat s’ouvrit très vite pour savoir s’il fallait accepter ou non que la feuille de coca continue à être cultivée et consommée par les indigènes. L’Église souhaitait son éradication à cause de son lien avec les pratiques mystico-religieuses, mais lorsqu’on s’aperçut qu’elle pouvait être utilisée comme substitut à l’alimentation et donner de la force aux travailleurs, cette position perdit en importance. Avec la découverte de nombreuses mines comme le Cerro Rico à Potosí, la main-d’œuvre employée devint une grande consommatrice de coca. À partir de ce moment, sa culture et sa consommation s’étendirent significativement.
Usages de la coca
La feuille de coca est un stimulant : elle apporte énergie et oxygène. La mâcher permet une meilleure absorption de l’oxygène par le cerveau, de réguler le sucre dans le sang et de lutter contre les effets de l’altitude. Dans les régions andines d’Amérique du Sud, on la consomme donc traditionnellement en la mastiquant ou en l’infusant en maté.
La mastication de la coca reste très fortement liée à l’identité indienne et aux relations sociales. Il n’existe pas une seule fête ou célébration sans que soit présente la feuille de coca. Lorsqu’un nouveau chef de communauté est élu, on lui offre plus ou moins de coca pour lui signifier qu’on l’apprécie ou pas. La feuille de coca, mama coca, est également très importante dans la pratique religieuse. Son sens sacré va en effet au-delà de la simple utilisation sociale, c’est tout un rituel, un esprit présent dans la tradition indigène : ainsi, la coca connaît la mort et guide l’âme sur ce chemin. Aujourd’hui encore, les mineurs entrant dans la mine en font une offrande au Tío (l’esprit de la mine, associé au diable) pour bénéficier de sa protection.
La feuille de coca aujourd’hui
Pour une partie des Boliviens, la feuille de coca est une tradition ancestrale qui fait partie de leur quotidien : la mastication de la feuille n’est en rien liée à la prise ou à la production de la cocaïne.
Néanmoins en 1952, cette pratique est présentée comme addictive par des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 1961, la Convention de Vienne contre le trafic illicite de stupéfiants et autres substances psychotropes considère la feuille de coca comme un stupéfiant. Ce faisant, l’ONU assimile le cocalero (cultivateur de la feuille de coca) au narcotrafiquant et le consommateur au narcodépendant.
Ce sont ensuite les États-Unis, grands consommateurs de cocaïne, qui en 1971 condamnent la commercialisation de la feuille de coca eux aussi pour lutter contre le trafic de drogues. L’OEA (l’Organisation des États d’Amérique) établit dès lors l’interdiction de la cultiver, de la consommer et de la commercialiser. Non sans toutefois réserver une clause spéciale pour l’entreprise Coca-Cola Company, la coca entrant dans la composition de la boisson culte. Sa culture est alors monopolisée par la multinationale américaine.
En 1995, un rapport de l’OMS démontrant la non-toxicité de la coca est censuré par les États-Unis. La Bolivie coopère ensuite pendant des années avec eux afin d’éradiquer les champs de culture, ce qui créé de fortes tensions avec les producteurs (cocaleros) dont un certain Evo Morales est le leader.
Cette situation a évolué en 2006 avec l’élection à la présidence de ce dernier, qui va tout faire pour que la feuille de coca soit reconnue légalement. Sa victoire aura lieu le 15 janvier 2013 : mastiquer la coca est autorisée par l’ONU. Cette dernière établit ainsi sa culture comme légitime, et reconnue comme fait traditionnel dénué de toute addiction. Sur les 183 pays membres de la convention, 169 ont voté pour la mention, et la réintégration du pays au sein de la convention sur les stupéfiants. À travers cette reconnaissance internationale, la Bolivie récupère son droit ancestral d’utiliser la feuille sacrée à des fins médicinales et alimentaires ; mais aussi celui de la cultiver de manière libre. Toutefois, l’exportation continue d’être interdite.
Il reste cependant difficile de séparer les cultures destinées à la production de cocaïne de celles destinées à la consommation traditionnelle de la feuille de coca. Par ailleurs, il est également compliqué de priver certains producteurs boliviens de cette manne financière sans apporter de substitut. L’agence antidrogue de l’ONU évalue à 31 000 hectares l’étendue des champs de coca en Bolivie, alors que pour la consommation de la population locale seuls les 12 000 hectares prévus par la Loi de 1988 seraient nécessaires. Cet excédent de 19 000 hectares serait ainsi aux mains du narcotrafic.
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