La Diablada au carnaval d’Oruro
La Diablada est probablement la danse la plus emblématique du carnaval d’Oruro. D’origine précolombienne et symbolisant la lutte du bien contre le mal, elle est une manifestation parfaite du syncrétisme bolivien.
L’un des symboles du carnaval d’Oruro
La Diablada est souvent qualifiée d’essence du carnaval d’Oruro, car elle regroupe à elle seule tous les symboles véhiculés par cet événement de taille, chargé en significations religieuses et culturelles. Il existe diverses théories quant aux origines de cette danse traditionnelle, certains historiens lui attribuant une histoire coloniale. La Diablada est en effet la représentation de la lutte du bien contre le mal, thème qui ressurgit au moment de l’évangélisation des villages boliviens par l’Église espagnole. Mais selon l’historien Maurice Cazorla Murillo, elle aurait des origines précolombiennes, et se dansait en l’honneur de Wari, le dieu protecteur des Urus. C’est ensuite que sont nées les légendes de Chiru-Chiru et de Nina-Nina dans lesquelles est honorée la Virgen del Socavón.
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Les costumes des danseurs, et surtout leurs masques, cherchent à imiter les traits des animaux sacrés pour les Urus. Front proéminent, laine et cornes, ces traits coïncidaient, dans l’imaginaire orureño, avec le portrait du diable que brossaient les prêtres évangélistes. On constate ici l’évidence du syncrétisme et de sa prégnance dans la culture bolivienne. Au cours d’une diablada, par exemple, des danseuses nommées « diablesses » portent un masque à cornes, caractéristiques des représentations indiennes, ainsi qu’une croix, signe de l’appartenance à l’imaginaire chrétien, mais aussi les symboles du serpent ou d’autres éléments rappelant les sept péchés capitaux.
Ces deux légendes d’importance majeure dans la culture d’Oruro témoignent de l’omniprésence de la lutte du bien contre le mal dans les croyances et représentations boliviennes. Dans la Diablada, la Virgen del Socavón côtoie le Tío Supay, représentant théoriquement le mal. Or la crainte du diable, très ancrée dans le christianisme, n’est pas très répandue dans les croyances boliviennes, ces dernières semblant accorder plus d’importance à l’adoration et à la protection. Le Tío Supay, par exemple, personnage central de la Diablada, porte les traits du diable que nous connaissons, sans pour autant être craint. Il est le diable qui protège les mineurs, figure rassurante et non terrifiante.
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